Le surpoids et la discrimination au travail
La socialisation actuelle du corps prônant le culte de la minceur a entraîné la stigmatisation des personnes en surpoids. La stigmatisation du poids concerne les attitudes et croyances négatives concernant le poids qui s’expriment sous la forme de stéréotypes, de préjugés et de traitements injustes à l’égard des personnes surpoids ou obèses. La stigmatisation du poids peut prendre de nombreuses formes et peut majoritairement se manifester par une expulsion sociale. De plus, la stigmatisation a été décrite par Erwing Goffman comme un processus de discréditation qui touche un individu considéré comme « anormal », « déviant ». Cette étiquette justifie alors une série de discriminations sociales, voire d'exclusion. La stigmatisation devient un véritable cercle vicieux:
Qu’il s’agisse d’un simple achat d'une place d'avion ou de cinéma, ou du poids du regard esthétique qui pèse sur lui, l'obèse est dévalorisé, marginalisé, mis au ban de la société. L'obèse souffre dans les sociétés développées contemporaines de stigmatisation.
L'obésité est devenu une pandémie qui affecte des adultes et des enfants du monde entier. Même si d’importantes ressources et connaissances médicales scientifiques sont aujourd’hui concentrées sur l’identification de stratégie capable de combattre ce problème de santé publique majeur, peu d'attention a encore été portée aux conséquences sociales et psychologiques de l'obésité. En effet, de nombreuses personnes en surpoids ou obèses sont fréquemment victimes de stigmatisation de préjugés et de discrimination à cause de leur poids.
Cette stigmatisation est particulièrement courante sur le lieu de travail où les employés obèses sont souvent confrontés à des préjugés et à la discrimination sous la forme de salaires inférieurs ou de pratiques d’embauches inéquitables.
Des études montrent également que de nombreuses personnes adhèrent à des stéréotypes négatifs concernant les personnes obèses et en surpoids commentant des personnes paresseuses, faibles et incapables de faire preuve d’autodiscipline.
De multiples facteurs contribuent à la stigmatisation du poids:
D’abord la perception des causes de l’obésité a un lien direct avec la stigmatisation du poids : les personnes en surpoids auraient en effet eux mêmes le contrôle sur leur poids. Leur état peut rapidement être associé à un manque d’exercice physique ou à de mauvaises habitudes alimentaires par exemple. Certaines personnes estiment que l’obésité peut être évitée grâce à une plus grande maîtrise de soi et une autodiscipline. Cette façon de voir les choses peut amener à blâmer les obèses pour une série d’échecs personnels. Dans les médias et dans la société, une fausse croyance fait référence au fait que l’individu est le seul responsable de son surpoids. Autrement dit, plusieurs personnes estiment que les personnes obèses n’ont qu’à « se prendre en main » pour voir fondre leurs kilos en trop. Une analyse portant sur 751 articles publiés dans le New York Times portant sur l’obésité a d’ailleurs révélé que ces nouvelles blâmaient majoritairement les individus de leur condition, plutôt que certains facteurs biologiques, sociaux ou environnementaux, qui ont pourtant un grand rôle à jouer dans les problématiques de poids. Les données scientifiques citées dans cet article montrent que la stigmatisation des personnes obèses est largement répandue, non seulement dans la population et au sein des médias, mais aussi chez le personnel médical. « Paresse, gourmandise, manque de volonté ou de discipline » sont des caractéristiques souvent attribuées aux personnes obèses. On croit, à tort, qu’il leur suffit de moins manger et de bouger plus pour maigrir.
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Néanmoins, c’est l’importance accordée au corps au sein d’une culture qui influence majoritairement la stigmatisation du poids. Effectivement, comme étudié précédemment, c’est le culte de la minceur qui prône aujourd’hui dans la société française. Ce culte est à l’origine de la stigmatisation actuelle. Aujourd’hui, la minceur semble être une preuve de réussite dans la vie et correspondre à une certaine reconnaissance sociale. À l’inverse, « traîner des kilos en trop » peut être vraiment handicapant. Même si cela reste très peu dit, être mince semble être bénéfique pour vivre en société, et particulièrement trouver un travail. Souvent les personnes rondes sont également considérées comme coupables puisque transgressant la norme de minceur avec des comportements alimentaires jugés inadéquats. Les « gros » ne rentrent pas dans les critères de beauté d’aujourd’hui d’où cette stigmatisation de plus en plus forte.
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Enfin, les descriptions faites des personnes en surpoids dans les médias et dans l’industrie de la publicité peuvent également contribuer à perpétuer les stéréotypes. Les médias ont en effet plus tendance à vanter une silhouette élancée et mince que celle d’un individu en surcharge pondérale. La minceur est ainsi devenue synonyme de modération, de maîtrise de soi, d’acceptation sociale et de succès, ce qui porte plusieurs personnes à tenter d’atteindre cet « idéal ». Au contraire, les personnes obèses sont plutôt dépeintes de façon négative dans les publicités ou à la télévision. Elles sont décrites comme étant paresseuses, hostiles, peu attirantes et ayant peu d’amis. La plupart du temps, elles sont la cible de moqueries et sont souvent présentées en train de manger de la restauration rapide ou de regarder la télévision. Les dessins animés n’échappent pas non plus aux stéréotypes liés au poids. Une étude regroupant 1221 dessins animés a d’ailleurs révélé que les personnages en surpoids avaient tendance à être dépeints comme étant peu attirants et comme ayant des traits indésirables, tel un caractère agressif ou antisocial, comparativement aux personnages plus minces.
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La stigmatisation des obèses connait plusieurs conséquences dont majoritairement l’impact sur le bien-être émotionnel et psychologique des personnes en surpoids. Les conséquences pour les victimes de stigmatisation et de discrimination ainsi que pour les personnes témoin de tels traitements sont nombreuses. Entre autres, leur santé physique et leur bien-être psychologique peuvent être affectés. À ce propos, certaines données scientifiques démontrent que cette stigmatisation augmente le risque de dépression, d’anxiété, d’isolement, d’insatisfaction corporelle, de préoccupation excessive à l’égard du poids et de faible estime de soi chez les victimes. Le livre d’Henri Béraud, Le Martyre de l’obèse, introduit une « douleur » psychologique devenue presque banale aujourd’hui. Ce livre multiplie des traits peu cités jusque-là. Notamment, on y trouve la présence régulièrement évaluée du poids ainsi que l’instrumentation de la balance et le culte de seuil. L’indice du poids est d’ailleurs si important qu’il crée une identité, un effet de reconnaissance, voire même de regroupement social. L’obèse devient alors « martyre » de son temps.
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Elle peut également conduire à des comportements malsains avec la nourriture comme par exemple la boulimie, ou encore à une réduction de l’activité physique chez les personnes en surpoids ou obèses. En effet, des recherches récentes montrent que la stigmatisation affecte la motivation des personnes touchées.
Toutes ces représentations de l’obésité et du surpoids contribuent à l’exclusion et à la discrimination de ceux qui n’entrent pas dans les critères de minceur de notre société. Ces personnes peuvent alors être victimes de traitements injustes dans différents domaines : au travail, dans le milieu médical, à l’école, dans les magasins, les transports en commun, etc.
De plus, être "gros" semble être un frein à l’ascension, tant sociale que professionnelle. Les stéréotypes associés au surpoids portent des connotations tellement négatives qu’ils peuvent agir comme une barrière à l’évolution personnelle souhaitée. Mais dans quelle mesure l'apparence, et plus précisément le surpoids, est-elle un facteur de la disriminaion au travail en France ? Est - elle majeure ? Pour connaître la réponse à cette question:
*(3) http://www.awi1.com/?m=20130801
*(4) http://well.blogs.nytimes.com/2015/11/11/is-fat-stigma-making-us-miserable/
*(5) http://www.vousnousils.fr/2014/05/20/l%E2%80%99obesite-peserait-sur-les-relations-amicales-553452





