top of page

 

 

      La beauté s'est toujours opposée à la laideur, mais les critères de beauté varient selon les époques, en fonction de la mode et des évolutions techniques mais aussi des événements, troubles de chaque époque. Le poids a toujours fait parti des critères de beauté, et c'est pour ça que nous nous y intéresserons ici. Le canon de beauté est défini selon Polyclète, sculpteur grec du premier classicisme, comme: « l'ensemble des critères de proportions des membres qui définissent en Europe la beauté à certaines époques ». Toutefois, en France, l’intérêt porté par l’Homme sur l’apparence s’est développé vers le Moyen-Âge et n’a cessé de grandir jusqu’à aujourd’hui. 

 

Le Moyen Age :

     Le regard médiéval s'attache aux 7 péchés capitaux, pour les pères de l’Église, la beauté est vanité et tentation.

Être gros, était tout de même un signe d'abondance et de santé, surtout à cause des famines et des disettes, qui donnait une impression de vigueur mais être obèse représentait la faiblesse. La nuance entre gros et obèse s’arrêtait sur la mobilité physique. Philippe Ier (1052-1108) représente bien cela, car, en tant que Roi des francs mangeant plus que nécessaire vers la fin de sa vie, il la finit obèse.

 

La Renaissance :

      Les clercs, notamment ceux des ordres mendiants qui vivent de la charité, font de la gourmandise un péché capital. Les médecins, mieux formés grâce au développement des universités, conseillent les nobles à plus de sobriété. Les milieux de la cour où la quête du raffinement exige du chevalier plus de finesse (physique et morale) pour pratiquer l'amour courtois, la danse ou manier son cheval lors des joutes équestres.

La seconde partie de la Renaissance, époque du travail, de la technique et de la finesse. Le gros est alors stigmatisé pour sa lourdeur, sa paresse, son inhabileté, son inutilité. Les Grandes découvertes sont à l'origine de l'importation de sucre dont la consommation se diffuse dans l'aristocratie puis la bourgeoisie européenne, d'où le développement de l'obésité.

L'exigence de minceur qui se poursuit jusqu'au XVIIIe siècle concerne alors aussi bien les hommes que les femmes. A la Renaissance, les proportions idéales dépendent de proportions mathématiques.

Cela n’empêcha cependant pas les artistes de l’époque, notamment les peintres, de représenter des femmes en surpoids comme le fit Titien (1488-1576) dans son œuvre La femme au miroir, 1515.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                                                        *(1)    La femme au miroir, 1515, Titien

 

Cependant ces femmes représentées étaient presque toutes des femmes de la mythologie, qui étaient considérées comme opulentes à la Renaissance. En effet, par exemple, Rubens (1577-1640) peignait lui aussi des femmes mythologiques enrobées alors que les femmes qui l’attiraient ressemblaient à sa femme, Isabella Brant (1591-1626), fine et corsetée :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                                           *(2)    Sous la tonnelle de chèvrefeuille, 1609, Rubens

                                                                                     

 

Epoque des Lumières :

     L’obésité est mal perçue, les médecins la considère comme dangereuse pour la santé. Ils créent différents procédés pour mesurer la grosseur comme le calorimètre d’Antoine Lavoisier (1743-1794) ou encore la balance. Ils qualifient même l'obésité comme: « état d'une personne trop chargée de graisse ou de chair. ». Cependant les médecins proposaient de manger du sucre pour aider à maigrir ne connaissant pas assez son aspect très calorique.

Le terme d'obésité apparaît pour la première fois en 1701 dans le dictionnaire de Furetière.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                                                      Régime de viande crue, XVIIème siècle

 

XIXème siècle :

      Etre gros est vu différemment en fonction des genres. En effet, un homme qui avait du ventre était un homme respecté et de prestige, on parlait alors de bourgeois gastronomes ou de « gastrophore ».Mais être obèse était représentatif de vanité et d'un refus de changement social ainsi que d'une souffrance physique, psychologique et morale.

Au niveau des femmes, il existait des types de beauté en fonction des proportions. Par exemple la bourgeoise bien en chair, dont les robes étaient pour la plupart par des faux-culs et des corsets qui mettaient la poitrine en valeur. Ou la fragile, mince et naturelle. Il y a là l'émergence du marché de l'amincissement qui va s’affirmer par la suite.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                        *(3) L'homme sans souci et l'homme sans six sous, XIXème siècle

 

 

Au XXème siècle :

      La mode définit les proportions du corps idéal, où le rapport-taille hanche, l'IMC et l'hygiène deviennent de plus en plus importants surtout avec la banalisation de l’utilisation des miroirs à pieds, des balances,… Jusqu'aux années 1930 la femme doit être élancée athlétique, élégante et se tenir droite plutôt qu'arrondie. L'obésité est perçue comme monstrueuse et anormale, le problème n’est plus de trop se nourrir mais de mal se nourrir.

Dans ces mêmes années apparaît le « culte de la minceur », tout le monde doit être svelte, c’est ce qui va perdurer dans les mœurs de la société française.

 

 

      

 

     Aujourd'hui, "le corps obèse se donne comme débordement, envahissement, surgissement de graisse dans un monde hanté par la minceur et qui finit par voir de l’obscénité dans le gras. L’évidence des comportements est rompue, il faut se composer un personnage et se tenir sur ses gardes" dit David Lebreton, sociologue français. Si ce phénomène a lieu, c'est en majeur parti à cause du fait que dans notre société où le corps est d'autant plus exploité, le culte de la miceur est la socialisation qui prône.

 

 

 

Pour en savoir plus sur le culte de la miceur:

 

 

 

 

 

 

 

 

*(1):http://www.picturalissime.com/t/titien_titian_femme_miroir_l.jpg

*(2):https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/Peter_Paul_Rubens_Peter_Paul_Rubens_-_The_Artist_and_His_First_Wife,_Isabella_Brant,_in_the_Honeysuckle_Bower.jpg/260px-Peter_Paul_Rubens_Peter_Paul_Rubens_-_The_Artist_and_His_First_Wife,_Isabella_Brant,_in_the_Honeysuckle_Bower.jpg

*(3):http://art.rmngp.fr/fr/library/artworks/l-homme-sans-souci-et-l-homme-sans-six-sous

 

 

© 2016 , Le surpoids et la discrimination au travail

bottom of page